Les I.A. et le cinéma : M. Bobine au festival Screen Spirit
Les I.A. ont d’abord été imaginées comme des robots chromés et vaguement humanoïdes, comme Maria dans Metropolis ou Robby dans La Planète Interdite, ou encore sous la forme d’un œil rouge à la voix neutre dans 2001, l’Odyssée de l’espace. Puis, les intelligences artificielles qui peuplent la science-fiction se sont perfectionnées jusqu’à prendre forme humaine comme dans Blade Runner ou Terminator. Les I.A. ont d’abord été capables de copier nos émotions, comme le T1000 de Terminator 2 ou Ava de Ex Machina, puis elles ont fini par les ressentir vraiment, ces émotions, comme l’agent Smith, Neo et Trinity dans Matrix, ou David, l’enfant-robot de A.I..
Avec la naissance du mouvement cyberpunk, le corps humain ne suffit plus à les contenir, elles se sont donc dématérialisées pour investir le cyberspace (comme on disait au temps des modem 56k), un monde virtuel où elles peuvent se développer sans entraves pour surpasser l’intelligence humaine. Vous l’aurez compris, au cinéma comme en littérature, les tests de Turing ou de Voight-Kampff sont obsolètes depuis bien longtemps.
Mais il se pourrait que ce soit bientôt le cas dans la réalité. Jusque-là cantonnée au domaine de la recherche, l’I.A. déborde désormais sur notre quotidien. Vous avez d’ailleurs certainement tous entendu parler de Chat GPT, Midjourney ou plus récemment Sora. Ces I.A. dites génératives bouleversent également le monde du cinéma. D’un côté, les exécutifs des studios ont des petits dollars qui brillent dans les yeux. De l’autre, les artistes commencent sérieusement à flipper.
Bref, le monde a radicalement changé et nous courons tous pour le rattraper. Je ne veux pas tirer de conclusions hâtives, mais les intelligences artificielles et l’homme, deux choses séparées par un siècle d’imaginaire et de recherche scientifique se trouvent soudainement face à face. Comment avoir la plus petite idée de ce qui va se passer ?
Pour cette table ronde organisée dans le cadre du festival Screen Spirit j’étais accompagné de passionnants invités ! Tout d’abord : Jessica Michenaud N’Silu qui co-diriges le blog Bon Chic Bon Genre, un site proposant de passionnantes analyses avec un regard féministe sur ce qu’on appelle le cinéma de genre, c’est-à-dire l’horreur, le fantastique, la science-fiction… Il y avait aussi Quentin Pignon, conseiller numérique à Rennes qui fait de l’éducation aux médias, aussi de l’analyse filmique et qui a également publié un roman de science-fiction, Première Caravelle, qui explore notre rapport à la fiction et aux images. Il y avait aussi l’inénarrable Julien Dupuy, réalisateur et journaliste spécialisé dans le cinéma, et plus particulièrement dans les effets spéciaux que vous connaissez certainement pour ses interventions pour Capture Mag et qui anime une rubrique dans le magazine Trois Couleurs qui s’intitule : “I.A. Quoi ?” dans laquelle il est question… Bah d’intelligence Artificielle. Enfin, j’étais secondé par Cyril Rolland, un des piliers de l’équipe du Ciné-club de M. Bobine qui avais notamment écrit un épisode qui parle du rajeunissement numérique et de la disparition de l’acteur au centre du processus créatif d’un film, un thème qui va forcément s’imposer avec l’apparition des I.A.